Il importe de se montrer extrêmement prudents sur les commanditaires de l'attentat de Marrakech- ce
que ne fais pas la presse française qui s'est empressée d'accuser les salafistes, c'est à dire la fraction dure
et violente de l'islamisme. Or trois scénarios sont possibles pour expliquer cet événement:
1) Un attentat commandité par El Qaida ou du moins un de ses sous traitants au Maghreb.
A l' appui de cette thèse, certains rappellent que le roi a libéré, il y a quinze jours, des détenus qui appartiennent à la mouvance salafiste, qui immédiatement sortis de prison, sous entend-on, seraient passés à l'attaque. Cette hypothèse, si elle se vérifiait, montrerait beaucoup d'imprudence de la part de ces groupuscules, et une étrange analyse de la situation. Pourquoi recourir à la violence alors que les manifestations se multiplient au Maroc et que le pouvoir apparait sur la défensive? L'intérèt bien compris de ces extrémistes ne serait il pas aujourd'hui d'attendre de voir la suite des événements, en surfant sur la vague de mécontentement?
2) Un attentat fomenté par des groupuscules algériens.
On sait que la situation est une fois de plus très tendue entre l'Algérie et le Maroc. Bouteflika veut une ouverture des frontières rapide avec son voisin, l'armée algérienne non. De là à imaginer que certains services algériens, dont on connait le talent pour instrumentaliser des groupuscules intégristes, type GIA, voudraient créer un certain désordre dans le Royaume enchanté de M6, il n'y a qu'un pas que certains franchissent.
A ce sujet, l'entretien donné par Claude Gueant dans le JDD laisse perplexe. Le ministre français de l'Intérieur, extrêmement prudent par ailleurs, tente un rapprochement sur les modes opératoires de l'attentat de Marrakech et de celui de 1995 à Paris, organisé par des Algériens.
3) Un attentat organisé par les services marocains.
Après tout, l'ancien ministre égyptien de l'Intérieur a imaginé un tel montage au début des troubles dans son pays et les services algériens ont été suspectés de le faire plus d'une fois. Le coté très "professionnel" de cet attentat, organisé sans kamikaze comme ce fut le cas en 2003, milite en ce sens. De plus, les mises en cause répétées de l'entourage royal, notamment des plus affairistes des conseillers de M6, type Mejidi, mis en cause tous les jours sur internet -"Mejidi, dégage!-ont créé une vraie panique. Certains ont pu être tentés de commettre l' irréparable pour donner un coup d'arrêt à la libéralisation annoncée par le souverain dont ils ne veulent à aucun prix.
Même le Monde se montre d'une extraordinaire imprudence: sur son site
internet, le quotidien de référence a fait appel à un bien étrange expert, un certain Lhoussain Asegui.
Ce journaliste inconnu travaille pour un "think tank", ou du moins qui se présente comme tel, l'ESISC,
basé à Bruxelles Celui qui anime cette officine s'appelle Claude Moniquet et n'est pas un inconnu au Maroc .C'est lui qui produisait des rapports pour le régime marocain sur le Sahara occidental. Et lui aussi qui en attaquant le courageux et indépendant journal hebdo a obtenu un jugement particulièrement lourd contre la rédaction, plombant définitivement les comptes de ce magazine aujourd'hui disparu.
c'est Moniquet qui également produisait des rapports orientés à Ben Ali sur le régime tunisien rempart contre l'islamisme et autres ritournelles connues.
Or que dit cet "expert"? Un, Marrakech étai visé depuis belle lurette par les salafistes; deux, le Roi avait amorcé un vrai changement vers une monarchie constitutionnel; trois, l'attentat va, hélas, trois fois hélas, remettre tout ce processus en cause. Autrement dit, la contestation de ces dernières semaines favorise l'extrémisme, le régime est obligé de se durcir. Qu'elle est belle "l' expertise" ce ce pseudo think tank.