jeudi 31 mars 2011

Yemen, un président dos au mur

Yémen, un président presque seul contre tous,
par Naoufel Brahimi el Mili, docteur en sciences 
plitiques

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Dans le « Hall of fame » des dictateurs, le portrait d’Ali Abdallah Saleh figure en bonne position. Au pouvoir depuis 1978, à l’instar des autres autocrates arabes, Ali Abdallah Saleh n’hésite pas à faire tirer sur les protestants peu convaincus par la sincérité de ses promesses. Après 52 morts en une seule journée dite le vendredi sanglant, le président yéménite est lâché par certains des officiers les plus importants du Pays. Le ralliement à l’opposition du Général Ali Mohsen Al-Ahmar, commandant de la première division blindée, est décisif car il est issu de la première confédération tribale. Il a échappé à quatre tentatives d’assassinat dont une serait commanditée par le président lui-même. Toujours est-il que son retrait relatif depuis 2004, explique sa longitivité. Dans son discours d’adhésion à la cause des manifestants du 21 mars dernier, le Général Ali Mohsen Al-Ahmar, précise qu’il parle aux noms de nombreux officiers, il fait déployer des blindés pour protéger les occupants de la place Al-Taghyr (changement). Les conditions d’un coup d’Etat sont réunies sauf que le ministre de la défense annonce de suite qu’il demeure solidaire avec le  président élu par le peuple et ne permettra aucun écart de la constitution. Cette fois-ci vraiment isolé, après le massacre du vendredi 18  mars mais fidèle à sa réputation de fin manœuvrier, le président se sentant plus que jamais menacé, demande l’intermédiation du ministre des affaires étrangères saoudien. Ali Abdallah Saleh maintien son ultime concession : il quittera le pouvoir la fin de cette année, avant l’achèvement de son mandat. Il déclare que sa seule préoccupation n’est pas son maintien au pouvoir coute que coute mais la menace d’un chaos plus que prévisible, le pousse à mettre de l’ordre dans les affaires du pays. Alors que pour les foules, c’est sa présence à la tête du pays en faisant usage de terribles menaces et de vaines promesses qui plongent le Yémen dans cette spirale infernale. Sa dernière carte est l’internationalisation de la crise. En effet la communauté internationale a condamné la violente répression mais n’a que tardivement et timidement évoqué le départ de son principal commanditaire. Pas plus tard que le 11 janvier dernier, Hilary Clinton s’était rendue à Sanaa notamment pour régler les derniers détails de la visite d’Ali Abdallah Saleh à Washington prévue fin février pour affiner la coopération dans le lutte anti-terroriste. Le Yémen est aussi le refuge de salafistes saoudiens armés. Pour le royaume wahhabite, le président est le plus sérieux barrage contre le retour en force d’Al Qaida.
L’expertise saoudienne dans le soutien des régimes peu populaires est de nouveau sollicitée comme lors de la guerre de Saada en Aout 2009. Berceau du Zaydisme (faction Chiite), la région de Saada s’est rebellée dès 2004 contre le pouvoir central jugé trop pro-américain peut être mais qui a surtout marginalisé sa population. Territoire traditionnel de l’Imamat, situé au nord du Yémen, Saada est le fief de la rébellion houthiste. L’intervention de l’armée saoudienne aux côtés des troupes d’Ali Abdallah Saleh a mis fin à ce conflit au début de l’année dernière mais qui compte sur la durée plus de 10.000 morts côté yéménite et 130 soldats saoudiens tués. L’appuie saoudien donné au régime de Bahreïn étant assez mitigé, le royaume wahhabite risque d’être réticent pour soutenir trop visiblement un président en fin de course, sauf peut être pour lui organiser une sortie honorable.
En 32 ans d’exercice de pouvoir, le président yéménite a démontré qu’il était un coriace survivant. Allié dès la première heure à Saddam Hussein envahissant le Koweït, Ali Abdallah Saleh a été définitivement « sauvé » par le 11 septembre à l’instar de l’ex président pakistanais Musharaf que les Américains ont préféré avoir plutôt comme partenaire que comme cible dans leur guerre contre le terrorisme. Il est vrai que le Yémen, pays d’origine d’Oussama Ben Laden qui est venu chercher sa dernière épouse originaire d’un village qui nommé « Al qaida ». Prémonitoire. De surcroit 90 Yéménites étaient détenus à Guantanamo. Très vite Ali Abdallah Saleh accepte la feuille de route américaine baptisée « Law and Order » mais en privilégiant la dimension « order » (lutte anti-islamiste) à celle de « law » (bonne gouvernance et Etat de droit). L’implacable lutte contre le terrorisme touche aussi les opposants au régime sans que les Américains ne soient en mesure de rappeler le volet « Law » à leur indispensable allié qui trace son chemin pour une présidence à vie ou du moins pour une succession dynastique. Dès l’année 2000, juste après avoir rencontré Bill Clinton à Washington, Ali Abdallah Saleh, allonge le mandat présidentiel de 5 à 7 ans pour permettre à son fils (actuel commandant de la garde présidentielle) d’atteindre l’âge de 40 ans afin d’être éligible à la fonction suprême. Ce qui lui a permit de s’engager en 2005 pendant la campagne électorale de ne pas briguer un nouveau mandat. Maintenant la question reste celle de la date de son départ que le peuple yéménite espère imminente. D’autant plus que les jeunes affluent de toutes les régions, quelles que soient leur tribu d’origine. Ils sont unis dans un pays historiquement éclaté par une même volonté de liberté et une seule revendication de démocratie. Et ce pacifiquement, tous les protestataires rejoignent la place « Taghyr » en laissant leurs armes à l’extérieur faisant face à des forces de l’ordre bien équipées et armées.  Pour la communauté internationale les interrogations sur l’après Ali  Abdallah Saleh sont loin de faire un consensus. Bien que la fin des violences soit souhaitée. Le devenir de la coopération anti-islamiste est source d’inquiétude. Dans un pays où le nombre d’armes en circulation est nettement supérieur à celui des habitants, l’hypothèse d’un coup d’Etat est reléguée loin dernière celle d’une guerre civile dont la région était assez coutumière. Faut-il rappeler que l’unité yéménite ne date que de mai 1990 ? Devenue depuis la seule république de la péninsule arabique mais aussi la plus pauvre avec un PIB par habitant à peine supérieur à 1000USD. Le sentiment sécessionniste risque de faire un grand bond en arrière pour le pays. De ce fait, son président continue à se présenter comme un réel rempart contre cette dérive héritée d’une tumultueuse histoire. Il ajoute même qu’il fera échouer par tous les moyens les complots ourdis contre l’unité sacrée dont certains seraient financés par le dictateur libyen, Mouammar Kadhafi principal soutien du mouvement « Tadhamon » dirigé par Hussein Al Ahmar, membre de la tribu des Hached et aussi fils d’Abdallah Al Ahmar, tué par le dernier Imam opposant de l’avènement de la république.
Devant la détermination  des manifestants qui ne cessent d’exiger son départ, le président s’accroche à son statut d’élu jusqu’en 2012 mais concède que son fils ne sera pas candidat. Ali Abdallah Saleh affirme haut et fort qu’il ne remettra son pouvoir qu’à une assemblée élu, la date pour ces élections  se situe entre la fin 2011 et le début 2012. Il ne cesse de rappeler qu’il est venu au pouvoir par les urnes et seul leur verdict le fera partir si la décision lui est défavorable. Avant cela, il invite ceux qui exigent son départ à quitter le pays. Il cherche toujours et encore à gagner du temps, sa ruse légendaire est son seul programme. Seulement les trois piliers internes du régime sont fissurés : Le parti (le Congrès Général du Peuple), l’armée et les tribus. De nombreux députés issus du parti majoritaire ont démissionné, l’appuie d’officiers d’Etat major lui fait défaut, comme indiqué plus haut, finalement l’une des tribus les plus importantes, les Hached, ont retiré leur soutien. Les puissantes tribus s’unifient lentement mais non sans hésitations pour se présenter comme principales acteurs du changement et aussi comme le rempart contre la guerre civile. Le ministre de la défense américaine, Robert Gates,  craint que la fragilisation de l’Etat renforce les milices d’Al Qaida, toujours actives dans la péninsule, du moins semble-t-il. Sans parler de l’importance stratégique de l’île de Périme, partie intégrante du Yémen et qui contrôle l’accès sud de la mer rouge. En attendant les luttes pour le pouvoir éclipsent le combat contre la pauvreté matrice des principaux maux du pays. Ali Abdallah Saleh, demeure malgré tout fort de sa précieuse collaboration dans le combat anti-islamiste. Il est certes de moins en moins soutenu par la communauté internationale pour qui, peut être, le yéménite type reste celui qui tient une branche de qat dans une main et un fusil dans l’autre en criant « Allah Akbar ». Pour beaucoup d’étrangers, la post-révolution yéménite reposerait sur le qat, le kalachnikov et le coran et non plus le parti, la tribu et l’armée.
Naoufel Brahimi El mili

"Grande Duduche" fête la révolution

Nidam Abdi était lui aussi présent à la réception à l'UNESCO, pour l'anniversaire de 
l'indépendance tunisienne.  La révolution du jasmin, selon lui, est brimée par le parisianisme

Il me fallait serré la main de Danielle Gilbert pour le croire. L'égérie
auvergnate de l'ORTF Giscardienne, surnommé par Cabu Grande Duduche était bien
là pour féter le premier pays révolutionnaire du monde arabe, la TUNISIE. Voilà,
se que l'ambassade de Tunisie en France a trouvé de mieux dans son carnet
d'adresse pour féter l'indépendance tunisienne de l'après 14 janvier. Une
auvergnate innocente qui a fait durant plus de 20 ans bronzette sur les plages
de Hammamet.
Ainsi, durant cette soirée, entre Pasqua, grande Duduche, le régent Bizertin de
Paris et consoeur, puis les droitsdelommistes il y avait un grand écart. Même
les artistes, qui pour certains étaient de qualité comme notre grand luthiste de
Sousse, Wassim Ben Chaouacha n'ont pas été mis à l'honneur. On a l'impression
encore que Paris ne fait pas honneur à la Tunisie. Surtout en voyant le CHarlie
Chaplin Tunisien, le cinéaste Ferid Boughedir en sueur faisant des tonnes pour
faire oublier ses présences dans les réceptions à l'époque de Ben Ali. Allant
jusqu'à monté sur scène pour prendre et partager le micro avec la Joan Baez
tunisoise Amal Mathlouti.
Suivez le lien pour découvrir une réception à l'ambassade France, époque béni de
la régente de Carthage.
http://www.ambassadefrance-tn.org/france_tunisie/spip.php?article578

mercredi 30 mars 2011

l'étrange départ de "monsieur Propre"


A PROPOS DU DEPART DU MINISTRE DE L'INTERIEUR, "MONSIEUR PROPRE"
Un ami universitaire m'envoie cette excellente contribution
Sous le regard du peuple

Nous sommes bien obligés de constater que Halima reprend ses vieilles habitudes. 24 heures après le départ de M. Frahat Rajhi du Ministère de l’Intérieur, les milieux  autorisés s’autorisent un silence irresponsable à plus d’un titre.

Ce ministère, rendu la pierre angulaire de tout l’édifice gouvernemental par le régime défunt, demeure d’une importance capitale pour la vie de tous, pour la réussite ou l’échec de la Révolution. La purge –il faut appeler les choses par leurs noms- salutaire n’y a pas été menée à son terme ; ce n’est un secret pour personne.

Ce ministre qui a tranché par sa parole claire et ses manières « fils du peuple » a été la cible dès son installation par les gens du sérail. On lui a reproché son manque de professionnalisme. Un Conseiller, il se reconnaîtra, voulant se refaire une virginité, a même dit  trouver « ce bleu  sympathique». Peut-être a-t-il dit « préférable ». Je cite de mémoire ; pas le temps de vérifier. Pensez donc, un ministre qui se fait voler son portable ! et au ministère !
A l’autre bout, la rue l’a trouvé, allez savoir pourquoi, bon ministre. Ceux que la chose publique intéresse, et ils sont fort nombreux en ces journées révolutionnaires, lui savent gré au moins pour deux avancées notables : la disparition –espérons que ce n’est pas sur le seul papier- de la sécurité de l’Etat, la Stasi tunisienne, et le procès en dissolution intenté au presque déjà  hors la loi RCD.

Son départ ne relève donc pas très précisément du fait divers. Et l’on nous doit des explications. Cela concerne tout le monde.
On comprend bien le silence de celui qui part, particulièrement dans des circonstances pareilles. On peut deviner et justifier sa réserve. Mais le mutisme de ceux qui président à nos destinées ?

Messieurs et Mesdames de la Présidence Provisoire, du Gouvernement Provisoire, vous êtes sous le regard du peuple ; et ce peuple est, sans démagogie, majeur. Il l’a prouvé à la face du monde, de mille et une nobles façons. Vous êtes surtout sous le regard de ceux qui ont payé de leurs libertés et donné leurs vies pour que vous soyez là où vous êtes. Pour que vous prépariez l’avènement de la démocratie. Pour que la conduite des affaires du peuple soit visible, lisible, et clairement discutée. Pour que chacun décide, en connaissance de cause, d’accepter ou de refuser ce que dit et fait l’homme ou la femme politique.

Votre silence nous dit, entre autres choses pénibles, que vous pensez que la fête est désormais finie, qu’il faut laisser les grands s’occuper, maintenant, des grandes choses.

Votre silence alimente par ailleurs la rumeur ; « jarîdat qâlû » est un poison mortel que vos anciens nous ont servie et resservie jusqu’à la lie, jusqu’à la nausée, pour les raisons que vous savez.

Cela est inadmissible en toutes circonstances, sous toutes latitudes. Venant d’instances provisoires que personne n’a élues, cela est, de surcroît, insupportable. Et on vous l’envoie pas dire.

Que les partis dignes de ce nom exigent des explications, et les associations qui se battent pour la démocratie.
Que les journalistes libres et démocrates fassent leur travail.
Que ce silence qui confine au mépris se rompe, ne constitue pas un précédent. Sous aucun prétexte. Le temps des sérails est révolu. Et la raison d’Etat fait toujours le malheur des peuples.


Amjad Ghazi

mardi 29 mars 2011

Pasqua fête la Révolution tunisienne

Toute honte bue, le grand Charles Pasqua, un des soutiens constants du régime de Ben Ali et deux fois ministre de l'Intérieur, est venu, hier mardi soir, à la réception donnée à l'Unesco en honneur de la fête nationale. Comme si le 14 janvier n'avait pas eu lieu!!! Comme si l'ambassadeur de la Tunisie, depuis, n'avait pas changé!!! En effet, c'est un courageux opposant à Ben Ali et défenseur constant des droits de l'homme, Khemais Chamari, qui représentait, hier soir, l'Etat tunisien.
Pour être présent à l'Unesco alors que la Tunisie démocratique fète la Révolution, Pasqua est une sorte de monstre du cynisme en politique. A moins que ce ne soit pour demander des nouvelles de son fils, Pierre, qui, après avoir été condamné en France à de la prison ferme dans l'affaire de l'Angolagate, avait trouvé refuge à Sidi Bou Said, dans la maison d'un marchand d'armes et pote de Ben Ali, un certain Zarrou.
Charlie n'était pas le seul ami de Ben Ai, lors de cette réception, à oser se montrer. Un autre aurait meiux fait de s'abstenir, c'est Patrick Ollier, le compagnon de MAM, qui l'a accompagnée à Noel dans son escapade funeste. Et bien, ce monsieur et encore ministre était là, lui aussi, sablant le champagne avec quelques amis.
Tout comme était présent le funeste ex juge marqué très à droite et désormais député UMP et grand amai du régime, monsieur Fenech qui présidant l'association France Tunisie de Djemalli, l'ami d'Abdallah, le plus proche conseiller de ben Ali et de Leila. 
-"Alors, monsieur Fenech, c'est amusant de vous voir là", lui ai je lancé en souriant.
-"Et pourquoi donc?"
-"Vous avez soutenu ce président désormais déchu, non?"
-"Mais pas du tout, vous dites n'import quoi, c'est vous qui avez écrit cette horreur, la régente? Vous êtes une ordure, je vais porter plainte". 
Et de me poursuivre, en cherchant à m'agripper. "Voyons, monsieur Fenech, restez digne"

Plus loin, on croisait Claude Gueant, le ministre de l'Intérieur, ainsi que le directeur de cabinet d'Alain Juppé. Mais ceux là étaient venus -et c'est la vie normale des Etats- pour représenter le gouvernement français. Ce qui n'est évidemment pas scandaleux. 
Les autres conseillers de l'Elysée, Gaino et Levitte, qui ont constamment défendu Ben Ali, s'étaient abstenus de venir. 
Rendons hommage à leur discrétion. Le délai de veuvage, cela existe... 

Plus loin, le maire de Paris, Bertrand Delanoé, continuait le numéro de claquettes en faveur de la révolution tunisienne qu'il a entrepris depuis le 14 janvier. Ce qu'il ne disait pas, c'est que le comité de sauvegarde de la révolution la ville de Byzerte, dont il est natif, a refusé en mars dernier qu'il assiste à la réunion organisée par ces démocrates et vrais opposants à Ben Ali ce dimanche là. Ces militants pas de la dernière heure lui ont reproché d'être aux abonnés absents, en décembre et janvier, lorsque Ben Ali faisait tirer sur la foule. 
Et aussi d'avoir encore voulu croire publiquement, le vendredi 14 janvier au matin, au sursaut du régime. 

On verra également parmi les invités l'ancien ministre de l'Intérieur de la gauche, Jean Pierre Chevènement, président désormais de l'association France Algérie, qui ne passait pas, lui non plus, pour très critique vis à vis de Ben Ali.

Voici un spectacle inédit et indécent, Pasqua, Fenech, Ollier et Delanoe fêtant la Révolution tunisienne lors d'une réception à Paris présidée par un Chamari, opposant historique et un des contributeurs courageux du livre que j'ai écrit avec jean Pierre Tuquoi, "Notre ami Ben Ali".

Il est urgent, pour les prochaines réceptions que l'Ambassade de Tunisie à Paris nettoie soigneusement ses listings.
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dimanche 27 mars 2011

Maroc, Sa Majesté le peuple

http://fr.lakome.com/societe/46-actualites-societe/242-la-sacralite-du-roi-fait-encore-des-victimes.html


BHL fait un retour remarqué sur les plateaux de télé à propos de la Libye. Notre philosophe préféré
devrait s'intéresser au Royaume enchanté marocain, qu'il connait bien pour posséder
deux superbes palais à Tanger et Marrakech, où il fréquente le Roi et les plus corrompus de ses 
conseillers. Bhl n'est pas le seul à gouter les délices du Royaume. Sarko, Dsk, Elkabbach et 
d'autres étaient, eux aussi, à Marrakech, aveugles et sourds sur la révolte populaire qui monte
au Maroc. 
A l'évidence, les déclarations humanitaires de BHL sont à géométrie variable. Jamais un mot, une
phrase pour critiquer un tant soit peu ce Maroc où il fait bon vivre pour les milliardaires et amis du
régime comme lui.
Nous y reviendrons, forcément, car l'actualité marocaine va être riche dans les semaines qui
viennent. 
A quand des frappes aériennes sur les Ryads de Marrakech? 

L'oubli d'Eric Besson


afficher les détails 23:01 (Il y a 8 heures)
Eric Besson en Tunisie, le ministre de l'Internet a oublié le plus important, le
martyr du scientifique Bettahar. Nidam Amdi, notre vigile du Net, revient sur cet 
oubli de ce cher Besson, un habitué, l'été dernier encore, des mariages familiaux des ben Ali au Palais deCarthage N Be 

Eric Besson est très fort comme ministre de l'Industrie, de l'énergie et du
numérique. Il a passé quelques jours en Tunisie, il a promis des aides
françaises pour la nouvelle Tunisie, des partenariats dans l'énergie, il est
allé au Kef (le pays de Saliha, la Callas tunisienne) dire qu'il est pour le
pays profond, il a visité à Tunis Telnet, une sorte de Microsoft locale où il a
dit que la France va aider les tunsiens dans les nouvelles technologies, il a
passé un bon moment à dialoguer avec des blogueurs de la révolution puis envoir
avec cette phrase qui veut tout dire: "Je repartirai plus optimiste qu'en
arrivant".
Le ministre de l'Internet a oublié que la France comme la Tunisie ont perdu
durant la révolution Jasmin, le 1er, sinon l'unique Maître de conférences en
réseaux informatiques de Tunisie. Deux jours avant la chute de Ben Ali, alors
qu'il sortait d'une librairie et regardé une manifestation à Douz le 12 janvier,
Hatem Bettahar, professeur en sécurité des réseaux informatiques (UTC), Docteur
en informatique, ingénieur ENSI. Maître de conférences en réseaux informatiques
à l'université de Compiègne recevait une balle. Il laisse chez sa mère a Douz,
une femme enceinte et une petite fille de 1 an et demi.Eric Besson n'a pas l'air
d'avoir eu un écho de l'assassinat du génie franco-tunisien et l'ambassadeur
Boillon ne semble pas au faite des choses. Pourtant, la communauté
internationale des scientifiques en nouvelles technologies est encore sous le
choc. Voilà se que Pierre Charreyron, Président de l'UTC de Compiègne
(internationalement connue) écrivait fin janvier à propos de Hattem Bettahar.

Hattem Bettahar n'avait pas attendu le gouvernement français pour faire de son
sud-tunisien natal, une région d'exellence dans le domaine des sciences de
l'informatique.« C'est avec beaucoup de tristesse que l’UTC apprenait le 12
janvier dernier la disparition brutale en Tunisie de Hatem Bettahar, maître de
conférences en génie informatique au sein du laboratoire Heudiasyc de l’UTC.
Hatem, qui menait depuis plusieurs années une recherche de qualité dans le
domaine des réseaux, laisse un souvenir inoubliable à tous ceux qui l'ont
approché du fait de sa gentillesse, sa disponibilité et son écoute. L’UTC a
perdu en la personne de Hatem un enseignant-chercheur très apprécié, non
seulement des équipes pédagogiques et de recherche, mais aussi des
étudiants-ingénieurs et doctorants de notre établissement. Hatem, on le sait,
contribuait également beaucoup au développement de l’université de Gabès".

Imed en photo sur le yacht volé

Imed Trabelsi, le neveu préféré de Leila, la régente de Carthage, qui le comblait de prébendes, aimait la vie, ses plaisirs et les jolies touristes blondes.  A travers ce regard fier, ce port altier, on sent toute la noblesse du clan Trabelsi qui avait fait main basse sur la Tunisie

Imed Trabelsi, sur le yacht volé au banquier français et mai de Chirac, Bruno Roger. "J'en ai des Ferrari, des limousine, disait joliment Imed à l'époque, le 9 mai 2006, mais même ma femme ne me fait pas bander comme le bateau".

Voleur de yachts mais aussi maire de la Goulette, le berceau de la communauté juive tunisienne, Imed était le patron de l'équipe locale de foot. Le voici avec quelques dirigeants footeux connus

Qui torturait qui?

Samedi soir, un coup de téléphone de Leila Kallel, la fille de l'ancien ministre de l'Intérieur de Ben Ali entre 1990 et 1995, au moment où la répression contre les islamistes était la plus féroce et où la torture était monnaie courante. En fait, au moment où Ben Ali quitte le pouvoir, le 14 janvier dernier, Kallel est président de la chambre haute, l'équivalent de notre Sénat, une assemblée à la botte du Président. On voit ce dignitaire benaliste à la droite du Premier ministre de Ben Ali, Mohamed Ghannouchi. Lequel Ghannouchi, face aux télés, annonce la fuite de son patron. 

Ghannouchi et Kallel, soit une fâcheuse brochette de "nouveaux" dirigeants pour la révolution en marche, alors que le régime défunt a fait tirer sur la foule avec le soutien au moins implicite de ces ex dignitaires.

Depuis, Mohamed Ghannouchi a démissionné et Kallel est en prison, accusé de détournements. Mais cette inculpation de l'ancien ministre de l'Intérieur en cache une autre. Abdallah Kallel est présenté un peu partout comme un des responsables de la torture sous le régime de Ben Ali, surtout durant les années 9O qui voient le régime massacrer les islamistes. En 2001, une plainte est même déposée en Suisse par un détenu qui fut torturé en 1992, Naït Laman.

Rappelons que cette répression sauvage était menée avec l'accord de la gauche tunisienne ( à l'exception notable de quelques résistant(e)s comme Rhadia Nasraoui, Sihem Bensedrine ou l'avocate de Bizerte, maitre Raja Dali) et de nos élites politico médiatiques. "Mieux vaut Ben Ali que Ben Laden", disait le sympathique Denis Jeambar, patron alors de l'Express.

Revenons à Leila Kallel et prenons la peine de l'écouter. "Mon père était responsable de la sécurité publique entre 1990 et 1995, mais c'est Ben Ali lui même qui dirigeait les opérations contre le mouvement islamsite Nahda". Ce qui en partie vrai. On sait qu'à l'époque, le secrétaire d'Etat à la sûreté, l'ignoble Ganzoui, un protégé de Leila, était l'homme clé de la lutte anti islamistes. C'est lui qui arrètait, emprisonnait, assistait aux séances de torture contre les islamistes.
Quel rôle exact a joué le ministre Kallel? Jusqu'à quel point les basses oeuvres lui échappaient? La question mérite d'être posée, si la Tunisie veut aujourd'hui faire l'utile travail de mémoire sur ces années noires. Après tout, Ghannouchi qui a été Premier ministre après le départ de Ben Ali avait été lui aussi chef de gouvernement de l'ancien régime et avait soutenu, au moins implicitement, la répression contre les islamistes. 

A écouter Leila, son père n'aurait trouvé aucun journal prêt à lui donner la parole. Toujours selon elle, Abdallah Kallel aurait quelques ennemis irréductibles au sein du sérail, qui alimenteraient la campagne contre lui, notamment Kamel Eltaief, le meilleur ami de Ben Ali jusqu'au mariage avec Leila en 1992. Or, c'est vrai, l'ami Kamel a repris du service aujourd'hui, conseille l'actuel Premier ministe et balance contre ses adversaires auprès de la presse, notamment à Jeune Afrique.
Lorsque la semaine dernière à Tunis, je suis reçu par Eltaief dans les locaux de son entreprise, dans la banlieue de Tunis, il me tend immédiatement Jeune Afrique. 
-"Il faut que tu lises le récit de la fuite de Ben Ali, tout est vrai dans ce qu'ils racontent"..
-"Comment, lui dis je, faire confiance à un journal qui a rampé devant Ben Ali? Jeune Afrique est un torchon, tu le sais"
-"Mais non, c'est un journal fiable".

Qu' Eltaief, en disgrâce après 1992, alimente dans Jeune Afrique les campagnes contre l'ancien ministre de l'Intérieur qui lui a survécu au mariage avec Leila, semble assez plausible. Dans les règlements de compte qui se jouent aujourd'hui à Tunis, il faut démèler le vrai du faux. 

Rien ne serait pire que d'accabler quelques victimes expiatoires pendant que d'autres, qui ont trempé dans le régime au moins autant, se referaient une virginité à bon compte. 


samedi 26 mars 2011

ITV dans le quotidien "El Watan"

Nicolas Beau. Ancien journaliste au Canard enchaîné

«En Algérie, un changement radical est peu probable»

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le 24.03.11 | 01h00 Réagissez


Le quotidien algérien "El Watan" m'a interrogé jeudi dernier. Voici le texte de l'entretien-

 Tu viens d’écrire un livre sur la corruption de l’épouse du président Ben Ali, intitulé La Régente de Carthage, y a-t-il un lien de causalité avec ce que d’aucuns appellent la Révolution du jasmin ?

Le lien existe évidemment entre excès de corruption et affaiblissement de son assise. Ce qui devrait faire réfléchir le palais royal marocain et les décideurs algériens qui, eux aussi, comme Ben Ali, ont fait main basse sur leur pays. En Tunisie, ces dernières années, la dérégulation des commissions occultes et les appétits grandissants des amis et de la famille de Ben Ali –notamment de sa propre épouse, Leïla Trabelsi – ont contribué à isoler le régime. L’ambassadeur des Etats-Unis à Tunis n’a pas hésité, dans un télégramme révélé par WikiLeaks, à qualifier l’entourage du président déchu de «quasi maffieux». Surtout que la bourgeoisie tunisienne, qui s’était accommodée du régime, a basculé dans une forme de résistance face aux prétentions hégémoniques des amis de Ben Ali sur le terrain économique.
Au sein même du parti au pouvoir sous l’ancien régime, le RCD aujourd’hui dissous, beaucoup s’opposaient discrètement, dans l’hypothèse d’une disparition de Ben Ali, à une transition gérée par Leïla Trabelsi que nous avons qualifiée, avec ma co-auteure, Catherine Graciet, de «régente de Carthage». C’est dire que l’image du régime tunisien s’était totalement dégradée.

Est-il difficile de recueillir des témoignages dans le système policier tunisien complètement verrouillé ?

La Régente de Carthage est, d’une certaine façon, un ouvrage collectif. Nous avons été beaucoup aidés par des opposants au régime qui, de passage à Paris, nous contactaient pour dénoncer les frasques de Ben Ali et des siens. Avocats, magistrats, syndicalistes de l’UGTT ou simples citoyens, nombreux ont été nos alliés. Sans parler des exilés tunisiens comme l’ancien ministre de l’Intérieur de Bourguiba, Ahmed Behnour, ou l’homme d’affaires Khemaïs Toumi, qui ont mis beaucoup d’énergie à favoriser notre projet. Ainsi avons-nous pu récupérer un rapport sur l’économie tunisienne d’une cinquantaine de pages, commandé par nos amis à d’excellents économistes et qui remet totalement en cause les satisfecit béats du FMI et de l’ambassade de France. Une autre source d’information est venue des mercenaires et hommes de main des clans au pouvoir, qui ont eu l’heureuse idée de se détester cordialement entre eux. Eux aussi nous ont apporté de nombreuses informations. Cela dit, compte tenu de la difficulté de recouper nos informations en Tunisie, où nous étions interdits de séjour, il nous a fallu supprimer un certain nombre d’éléments que nous avions à notre disposition. Nous avons préféré un petit livre de 180 pages à 95% crédible plutôt que de grossir artificiellement le contenu avec des informations non vérifiées qui, souvent d’ailleurs, figuraient sur le Net.

Les conditions objectives d’un ras-le-bol généralisé n’est-il pas le véritable terreau qui a rendu possible ce mouvement populaire ?

Le mot-clé de la révolution tunisienne est la dignité. Ce qui renvoie en effet à l’humiliation ressentie par tout citoyen face aux prétentions grotesques d’un pouvoir dévoyé, qui repeignait les balustrades en violet, la couleur du régime. Un régime à l’image du père Ubu. La persécution de l’appareil sécuritaire était particulièrement flagrante dans les régions éloignées de Tunis, comme Sidi Bouzid ou le Kef. Les potentats locaux couvraient la petite corruption des flics et des gendarmes, exaspérant les jeunes en butte à d’innombrables tracasseries.

Cette quête de dignité revendiquée et exprimée par l’immolation du martyr Bazizi n’est-elle pas en décalage avec les revendications économiques classiques enregistrées dans tous les pays, quelles évolutions sociétales tentent-elles de nous indiquer ?

Si un changement de régime a été rendu possible en Tunisie, c’est d’abord en raison d’une dignité perdue du peuple tunisien. La situation économique, en effet, était moins grave qu’au Maroc et en Algérie, même si les taux de diplômés chômeurs à l’intérieur du pays touchaient un jeune sur deux. Les revendications sociales avaient été plus fortes lors des révoltes de Gafsa, il y a deux ans. Cette fois, la crise économique a certainement contribué à l’explosion, elle n’en fut pas, à mon avis, le déclencheur.

L’Occident en général et la France en particulier ne veulent pas de la démocratie dans les pays musulmans, car il est plus facile de négocier des contrats juteux avec des dictatures, surtout quand il y a des commissions et des rétro-commissions. Sont-ils crédibles aujourd’hui ?

La diplomatie française, totalement déficitaire et aveugle, aura beaucoup de mal à rattraper le temps perdu. Plus grave, ces tout derniers jours, beaucoup traînaient les pieds à Paris pour aider la jeune démocratie tunisienne. Sur le thème «les islamistes vont récupérer le bébé», nous n’avons pas l’envie ni les moyens d’aider des barbus à consolider leur pouvoir. Terrible faute intellectuelle qui justifia l’aveuglement de la France pendant déjà trop d’années.

L’annonce du «gel des avoirs» (numéraires et immobiliers) des dictateurs dans les pays occidentaux les absout-elle des actes de complicité dont ils ont été l’élément moteur de réalisation durant les années de dictature ? L’éthique a-t-elle encore un sens dans les relations entre Etats ?

L’annonce du gel des avoirs des proches de Ben Ali est un aimable cache-sexe qui ne trompe personne. Les clans prédateurs tunisiens n’avaient que très peu de biens et d’avoirs en France. Ben Ali n’aimait pas les voyages en général et n’appréciait guère la France. Ses vrais amis étaient El Gueddafi, Berlusconi et certains émirs du Golfe. C’est là qu’il faut saisir les avoirs de l’ex-président, notamment à Dubaï.

La publication d’un livre dénonçant la corruption doit-elle s’arrêter dès sa parution ou faut-il mener d’autres actions pour mettre les politiques face à leurs responsabilités ?

Une bonne nouvelle : la Tunisie intéresse à nouveau les médias français. Leur présence est essentielle dans un pays privé de presse libre pendant un demi-siècle. Il faut en effet informer l’opinion française des succès et des difficultés de la transition tunisienne, ne serait-ce que pour obliger notre gouvernement à concrétiser son soutien. Pour ma part, je prépare pour fin avril un petit opuscule sur le fiasco des relations franco-tunisiennes.

Y a-t-il un risque de contagion (effet domino) et la «république» marocaine ne va-t-elle pas naître dans la violence, après le discours de fermeté prononcé par le roi Mohammed VI, il y a quelques jours ?

Je crois qu’il faut être très prudent sur la fameuse onde de choc qui secouerait le monde arabe. Les mobilisations populaires vont bousculer les régimes en place, modifier les plaques tectoniques et provoquer, ici ou là, des réaménagements des pouvoirs. Mais, de là à croire qu’on va assister à des changements de régime en profondeur, cela paraît particulièrement contestable. Ainsi en Algérie, l’existence de certains contre-pouvoirs dans la presse ou dans la vie syndicale, les 150 000 morts des années noires qui restent dans toutes les mémoires et la manne pétrolière qui permet de panser certaines plaies rendent un changement radical peu probable. En revanche, le Maroc me paraît le pays le plus exposé à un changement radical «M6, dégage», «M6, rends l’argent» : voici les graffitis qu’on peut lire aujourd’hui à Marrakech dont les hôtels n’ont été remplis, cet hiver, qu’à 20%. A quand des frappes contre les ryadhs de BHL et Dominique Strauss-Kahn dans cette ville abandonnée au tourisme sexuel ? Une fois de plus, les élites françaises sont étrangement silencieuses face à la misère grandissante des Marocains et face aux excès vertigineux de la corruption du palais. Seuls, à Paris, les services de renseignement soulignent depuis plusieurs années que le Maroc est le maillon faible de la lutte antiterroriste. Mais qui les écoute ?
 
Mourad Goumiri

mardi 22 mars 2011

Mardi, un jeune s'est immolé à Sidi Bouzid

Difficile de ne pas revenir à mon blog tunisien en apprenant, aujourd'hui mardi
cette dramatique nouvelle du décès d'un jeune de Sidi Bouzid.
Alors que Ben Ali a été destitué le 14 janvier et que la Révolution, dit-on,
l'a emporté, un jeune vient , aujourd'hui mardi, de s'immoler. Transporté
d'urgence, il est mort avant d'arriver à l'hopital de Sfax.

Pourquoi ce geste désespéré? Pourquoi, trois mois après le sacrifice de Mohamed Bouazizi, qui s'était lui aussi immolé à Sidi Bouzid, déclenchant la mobilistion du peuple tunisien, un autre jeune, sans avenir ni perspectives, commet l'irréparable? 

LE PAYS REEL CONTRE LE PAYS LEGAL


"Qui détient le pouvoir aujourd'hui en Tunisie", demandais-je, ce matin mardi, à Kamel Eltaief, celui qui fut le plus proche conseiller de Ben Ali jusqu'au mariage de Zine avec Leila, un événement facheux qui marqua la disgrâce du "vice Roi", comme on appelait autrefois Kamel entre 1987 et 1992. Or ce dernier a repris du service, on vient le consulter, entouré de quelques anciens flics et ex Rcédistes, et il est devenu un des hommes d'influence qui conseille l'actuel gouvernement. On le dit très proche de l'ancien ministre de l'Intérieur bourguibiste qui est aujourd'hui Premier ministre, plutôt consensuel et aimable, de la Tunisie à l'age de 86 ans."Le nouveau vieux", comme le surnomme un marchand de journaux de l'avenue Bourguiba.

A ma question sur la nature dupouvoir actuel, L'ex vice Roi futur conseiller du Prince  répond dans un sourire: "Tout le monde et personne détient le pouvoir en Tunisie". Et de vanter, comme beaucoup aujourd'hui,  le scénario égyptien qui a permis à l'armée de piloter un changement rapide de la constitution et de remettre le gouvernement sur les rails.

Kamel n'a pas de mots assez durs contre l'UGTT et les gauchistes du PCOT. "Ils jouent la politique du pire, font de la surenchère salariale", tranche-t-il. Sur un point au moins, cet ancien intime de Ben Ali a raison: la sécurité s'est dégradée en Tunisie, beaucoup de postes de police sont désertés par des flics trouillards, qui craignent les représailels. Dans la Tunisie de l'intérieur, des postes de police ont été incendiés. Et le soir, contrairemetn à la Tunisie d'hier, on craint de sortir dehors.

Le nouveau décès dramatique d'un jeune de Sidi Bouzid est une sonnette d'alarme. Ce geste désespéré renvoie à la situation actuelle de la Tunisie, totalement flottante, comme insaissisable et
en état d'appesanteur. On ne sait plus où se trouve le coeur du réacteur gouvernemental.

L'odre ancien continue à régner. On torture toujours dans les prisons, raconte l'avocate Radhia Nasraoui, ron tabasse dans les commissariats. Le patron de l'Audace, Slim Baggah, a été suivi, la nuit, par une voiture banalisée. Les demandes d'extradition contre Slim Chiboub à Dubaï, Kelhacem Trabelsi au Canada ou Ben Ali lui même s'enlisent. .

Le changement intervient par secousses, sans processus cohérent. On voit des magistrats, qui ont été pour la plupart et contrairement aux avocats, particulièremt laches sous Ben Ali, en rajouter désormais dans le laxisme, y compris pour le délinquants ordinaires.
Les mêmes juges s'acharnent contre l'ancienne famille rêgnate.  "Nacer Trabelsi a été condamné à payer 45 millions de dinars pour une peccatille, ce n'est pas normal", glissse un avocat pourtant très engagé contre l'ancien régime.

Les élites politiques, médiatiques et universitaires à Tunis, Hammamet et Sfax qui
tiennent lieu, dans la confusion, de "pays légal", préparent l'élection
d'une constituante en juillet prochain. N'est ce pas beaucoup trop tard? Des partis se créent, aujourd'hui une cinquantaine, qui souvent ne représentent qu'une poignée d'individus. Des discussions interminbles et orageuses ont llieu au sein du comité de sauvegarde de la Révolution auto institué, qui prépar les échéances électorales. Les repésentants de Nahda, le mouvement islamsite, et de l'UGTT ont contesté, vendredi dernier, la repésentativité de vette instance supposée régulatrice. Il a été question de nommer un comité de cinq membres pour conseiller le Premier ministre dans la nomination d'autres membres censés représenter les régions pauvres et les jeunes (il est vrai très absents). Cinquante candidats se sont proposés pour entrer dans ce comité théodule. La confusion rêgne, là aussi.

Le pays réel est ailleurs. Les jeunes qui conspuaient Ben Ali, chaque vendredi lors d'un immnse sit in à la casbah de Tunis, sont rentrés chez eux. Mais pour quoi faire? Ils pourraient revenir demain manifester au centre de Tunis et réinstaller leur sit in face au Palais du gouvernement, comme ils l'avaient fait pour demander la démission de Mohamed Ghannouchi, l'ancien Premier ministre qui survécut, quelques semaines, au départ de ben Ali.

En Tunisie aujourd'hui, la situation économique est catastrophique. Les dizaines de milliers de Tunisiens qui, à l'Est du pays, vivaient de l'arget libyen sont sans ressources. Les touristes revinnent un peu, mais au compte goutte. Les directions de beaucoup d'entreprises apaprtenant aux anciennes familles régnantes ont été décapitées. La machine gouvernementale est enrayée. Il a fallu trois mois pour obtenir que les bi nationaux puissent crée un parti politique. Comment dans ces conditions redonner confiance aux émigrés tunisiens en France et en Europe pour investir dans le pays?

Et l'Algérie, où vient de se rendre le Premier ministre tunisien pour demander de l'aide, a lâché cent millions de deollars, une aumone.

Les ministres français se succèdent, mais sans vraiment de propositions concrètes. Des résistances se manifestent au sein même du gouvernement, sur le thème: "pourquoi lâcher des crédits, alors que la France va elle même pas si bien, si ce sont les islamistes qui prennent in fine le pouvoir". Ce sont les mêmes qui, hier, défendaient Ben Ali rempart contre les islamsites. Ils voudraient bien, ces bons apotres, que la Tunisie ne transforme pas l'essai

Il est vrai que seuls les islamistes semblent avoir, seuls, une stratégie claire: ils entrent passivement à l'UGTT, seule force connue et reconnue dans le pays réel; ils crent de multiples partis qui sont autant des vitrines pour avancer masqués. Ils investissent le champs social, notamment dans le Sud du Pays.
Et l'Arabie Séoudite protège d'une main l'ancien dictateur, réfugié à Djedda, et de l'autre aide financièrement, Rachid Ghannouchi, le leader charismatique et séduisant du mouvement Nahda. Lequel Ghannouchi multiplie les déclarations paisantes. Des manifestations locales contre la venue d'Hillary Clintonn ou pour la fermeture des maisons closes entretiennent la flamme islamsite. Sur ce blog, les réaction agressives, dès qu'il est question d'alcool,montrent que certains internautes aussi défendent l'orthodoxie coranique.

Naturellement, le pays "légal", où se cotient des esprits libres et des militants courageux, des opportunistes de la dernière heure et des prophètes de mauvais augure, d'ex futurs benalsites et quelques oisifs, est devenu une immense formum
Chacun, dans un climat de grande urbanité,  retrouve-enfin- la parole confisquée. On sent un immene soulagement, et personne ne se retourne plus pour voir s'il est écouté. "Cela fait un peu colonie de vacances", explique un esprit moqueur."La Tunisie, souligne un diplomate français, est une agora particulièrement éduquée et tolérante".

Vrai, mais le jeune qui s'est immolé rappelle avec gravité, une réalité plus rugueuse, et prosaique. La
Tunisie n'a pas encore fait les choix politiques qui imposeraient un changement en
 profondeur. Pas sur que l'élection d'une constituante dans quatre mois  ne soit pas manifestement
un détour inutile et chronophage pour ce pays en fusion.

Révolution véritable ou aménagementtn du pouvoir, la Tunisie doit choisir. Et rapidement, sous peine de lendemains de fète amers
                                                                         Nicolas Beau


"Toute honte bue"

Aujourd'hui mardi, un jeune s'est immolléé à Sidi Bouzid,
parceque depuis le sacrifice d'un autre de ses camarades, chomeur lui aussi,
désespéré lui aussi, Mohamed Bouazizi, l'avenir reste sombre pour la Tunisie de l'Intérieur
Et toute honte bue, Tarek Ben Ammmar, propose toujours de réaliser un
péplum qur Mohamed Bouazizi, dont le sacrifice en décembre fut à l'origine
de la mobilisation populaire qui provoqua la fuite de Ben Ali

Tarek Ben Ammar, faut-il le rappeller, fut très pote successivement avec Bourguiba,
en raison de ses liens familiaux avec Wassila,
 puis avec Ben Ali, qui lui facilita grandement ses affaires en Tunisie.

Tarek est également l'oncle de Yasmine, la jeune épousée de notre ex ministre
de l'Identité Nationale et aujourd'hui de l'Industrie, Eric Besson.
 Sous le rêgne du dictateur déchun comme on dit à Tunis,
Eric et Yasmine étaient  tous deux des habitués du Palais de Carthage.
On les vit l'été dernier participer aux noces d'une nièce de l'ex couple présidentiel
..
Eric Besson et sa femme arrivent à Tunis demain mercredi en voyage
officiel. Ils ne seront pas dépaysés. Nous suivrons de près ce que Besson
va dire de l'ancien régime, benaliste lui qui en connaissait si bien les arcanes.
                                         Nicolas Beau

Nidam Amdi nour envoie cette excellente contribution
sur le parcours de Tarek Ben Ammar

Il faut lire sa biographie sur son site web pour comprendre que Tarek Ben Ammar
n'a rien avoir avec la Tunisie réelle. Expliqué dans le JDD avoir déplacé la
mère de Mohamed Bouazizi et ses enfants de Sidi Bouzid vers Hammamet pour qu'ils
vivent tranquillement à l'ombre de ses studios, il y a quelque chose d'iréelle.
http://www.tarakbenammar.com/fr/univers/lesdebuts
Ben Ammar explique aussi dans le JDD qu'il est déjà en train de travailler sur
le scénario. N'y a t-il pas des jeunes à Sidi Bouzid pour réaliser un film
modeste et d'auteur sur la vie de Bouazizi? La confiscation de la révolution
jasmin s'est elle mise en marche en subissant bientôt une fiction hollywoodienne
du martyr Bouazizi? Qui tiendra le rôle de ce dernier: John Travolta, George
Clonney, Brad Pitt?
Tarek Ben Ammar n'est pas le plus grand producteur de cinéma d'origine
tunisienne. A la du XIX siècle, les Haïk,
une famille juive pauvre et ouvrière de la Médina a quitté Tunis pour Paris en
1897. Jacque le fils, se met à travailler à 13 ans comme coursier pour les
studios de la Keystone rue Lafayette. C'est lui qui fera découvrir à la France
Charlie Chaplin (il a inventé le nom Charlot), qui construira le cinéma Rex,
fera de l'Olympia une grande salle de spectacle et fera découvrir le cinéma
égyptien dans tout le monde entier et particulièrement à Tunis. Jacques Haïk
fera même participé les oulamas de la Zitouna en 1945 à son projet de construire
à partir de Tunis, des studios pour produire un cinéma arabe. De peur des montés
du nationalisme maghrébins ont lui a mis des bâtons dans les roues à Paris.
Les anciens de Tunis savent que c'est grâce lui qu'ils ont vue les films avec
Farid Chawki, Faten Hamama, Mahmoud El Meligui, Ahmed Wahby et Samia Gamal....
dans les salles magnéfiques de kitsh tels Le Rex à la Goulette, Le Palmarium, Le
Mondial et le Colisée... Ya hasra

lundi 21 mars 2011

Un officier corse père de Khadafi?

Bakchich s'était penché à l'époque sur le passé peu transparent du chef de l'Etat libyen dont les exactions actuelles renvoient à un caractère pathologique, qui peut s'expliquer par des origines familiales compliquées. D'après l'enquète que Bakchich avait mené, Khadafi était le fils d'un officier corse, héros de la guerre de 39-45.

A lire absolument l'enquète sur le père corse de Khadafi 


L'AFP dans une dépèche, hier, vient d'évoquer aussi ce qui est plus qu'une hypothèse d'école Voici cette contribution
Kadhafi est-il le fils d'un aviateur corse de la France libre?
AJACCIO — Le colonel Mouammar Kadhafi est-il, comme le prétend une légende, le fils d'un officier corse des Forces aériennes françaises libres (FAFL) accidenté en Libye en 1941 et dont la base aérienne, dite de Solenzara, en Haute-Corse, porte aujourd'hui le nom?
"BA 126 - Capitaine Preziosi" est le nom officiel de cette base qui est un des maillons du dispositif mis en place dans le cadre des opérations militaires contre la Libye.
Site d'entraînement aux exercices de tirs et de bombardements des escadrons français et d'aviations de pays de l'Otan, la base, où n'est stationné en permanence qu'un escadron d'hélicoptères, est située sur le territoire du village de Ventiseri (Haute-Corse) et non sur celui de Solenzara (Corse-du-Sud), distant de plusieurs kilomètres.
Son nom est celui du capitaine Albert Preziosi, qui a servi en Libye en 1941 avant de tomber en combat aérien en Russie en 1943 au sein de la prestigieuse escadrille Normandie-Niémen.
Preziosi, dont la ressemblance avec Kadhafi, officiellement né le 19 juin 1942 à Syrte, est frappante, avait été accidenté dans le désert libyen en 1941.
La légende de la paternité du jeune officier corse né dans le village de montagne de Vezzani (Haute-Corse) en 1915 et engagé dès 1940 dans les FAFL à Londres, s'appuie sur certains témoignages d'anciens des FAFL.
Mais elle avait aussi été lancée en 1977 par un journal français d'extrême-droite pour discréditer les nationalistes corses au prétexte que Kadhafi les soutenait.
Preziosi aurait ainsi, selon la rumeur, été accidenté dans le désert à bord de son Hurricane et aurait été recueilli par des bédouins de la tribu Senoussi, nouant une idylle avec une jeune femme de la tribu dont il aurait eu un fils.
Cette hypothèse n'a cependant jamais pu être confirmée, notamment à partir de recherches dans les archives historiques de l'Armée de l'air.

j

dimanche 20 mars 2011

Autocritique d'un bloggeur repentant


C'est vrai, beaucoup trop de fautes d'orthographe se glissent dans mes textes que je ne relis pas assez, faute de temps, avant publication. Les analyses sont parfois, je vous l'accorde, un brin rapides. Vous avez raison de le souligner, même si certaines fois, le ton employé par certains correspondants anonymes est franchement déplaisant.
A ma décharge, ce n'est pas simple, quand il faut travailler par ailleurs, de se montrer aussi perfectionniste dans un blog quasi quotidien que pour des articles ou des livres.
Au départ,j'avais eu envie d'écrire un blog pour poursuivre les échanges passionnants que j'avais eu à Tunis lors de la présentation de "la Régente" et de "Notre ami Ben Ali". J'avais le sentiment qu'un blog était un journal personnel qu'on laissait lire à quelques amis connus et inconnus, qui n'étaient tenus à rien. C'est un vrai plaisir de converser avec beaucoup d'entre vous.
Mais apparemment, d'autres ont une vision très exigeante de cet exercice sans prétention. Je vais donc interrompre provisoirement ce blog. Et je ne le reprendrai lorsque j'aurai plus de disponibilité, notamment après la liquidation définitive du site Bakchich que j'ai animé, avec Xavier Monnier et Jacques Marie Bourget, pendant trois ans.
Il me faut aussi terminer le petit livre que j'ai commencé sur les relations entre Paris et Tunis.
A très vite, chers amis et lecteurs. Et vive la Tunisie libre, où il fait bon vivre désormais.

Un dimanche chez Delanoé à Bizerte

"Vous avez participé à la Révolution tunisienne, sans même que vous le sachiez". Une fois encore, le livre, écrit en 2009 avec Catherine Graciet, "la Régente de Carthage", me vaut un compliment en partie excessif, mais qui me va droit au coeur. D''autant que  mon interlocuteur, ce dimanche à Bizerte, Ali Bensellem, est un triple héros des luttes en Tunisie et militant de toujours des droits de l'homme. Emprisonné une première fois pendant la guerre d'Indépendance, Ali est à nouveau détenu du 20 décembre 1962 au premier juin 1973 par Bourguiba, après avoir participé à une tentative de coup d'Etat. Ben Ali, dont les sbires avaient simulé un enlèvement avant de l'abandonner en pleine campagne, ne l'a guère ménagé non plus. 

La veille samedi, un digne professeur d'université aveugle  me confie, en me croisant, à l'hôtel qu'il a traduit "la Régente" en braille!!!!"Je vais à Paris mardi participer à un jury de thèse, voyons nous".

Après tout, Catherine Graciet et moi n'avons fait que notre travail de journaliste. Mais apparemment, l'existence de ce livre fut vécue par beaucoup de tunisiens comme le signe qu'ailleurs, certains savaient. Certains avaient conscience  du cauchemar qu'était devenu la vie de beaucoup de tunisiens qui refusaient l'arbitraire.

Dans un café du vieux port de Bizerte, le vieux résistant, Ali Bensellem, a gardé toute sa capacité d'indignation. Et il dénonce l'absence de tout représentant de sa région dans le "haut comité de sauvegarde de la Révolution", une assemblée auto constituée et qui a été récemment adoubée par le gouvernement actuel "Il ne faut pas oublier les jeunes, les régions pauvres"
.
Et de s'indigner qu'un indic de police bien connu de la population de Bizerte ait lui rejoint le haut comité. Sous prétexte qui'il vient de créer, avec quelques comparses, un
parti politique "Nous ne devons pas relâcher la pression", expliqe-t-il avec un sourire.  

Ali est aussi un voisin de la famille du maire de Paris, Bertrand Delanoe: Il 'est vrai que tout près, sur la corniche qui domine la mer, le maire de Paris possède une belle villa, entourée d'un jardin luxuriant, pas vraiment le modeste cabanon qu'il prétend avoir construit à Bizerte."Nous nous connaisons depuis toujours, c'est un ami".

Et de souligner que Delanoé, malgré Ben Ali, a eu le cran de baptiser une place à Paris du nom de Bourguiba "Quoiqu'il ait fait, Bourguiba était un grand homme, un leader, un chef". Et. d'expliquer aussi qu'il y a deux ans, le président de la Ligue des droits de l'homme, monsieur Trifi, lui avait annoncé que Delanoé était prèt à lui rendre visite publiquement pour le soutenir, mais qu'il en avait été empèché par l'Ambassade de France. L'explication n'est pas totalement convaincante, mais le débat avec lui serait mal venu, déplacé. Inutile de rappeler que la majorité du comité de sauvegarde de la Révolution de Byzerte a chassé le maire de Paris de leur réunion, un dimache matin de février dernier. La plupart lui reprochent en effet ne pas avoir soutenu leur mouvement avant le départ de Ben Ali.

A l'heure du déjeuner, toujours à Byzerte, j'avais eu la chance de passer un moment passionnant avec une avocate de Bizerte, Maitre Raja Dali, qui fait elle aussi partie de cette armée de l'ombre qui, en Tunisie, a résisté plus qu'on ne lepense.

Ceet avocate valeureuse s'est ainsi battue dès 1989 en faveur des islamistes emprisonnés et torturés. Et à l'époque, ses amis de la Ligue des droits de l'homme la traitaient volontiers de réactionnaire. On oublie trop à quel point la gauche tunisienne (comme la gauche française, n'est ce pas monsieur Delanoé) a soutenu la violence de Ben Ali contre ses opposants.

Et ce qu'elle raconte de l'acharnemetn du pouvoir tunisien est hallucinant. Ainsi cette épouse d'un militant islamiste emprisonné qui, pour nourrir ssa famille, fait appel à la générosité de son frère. Et bien, ce dernier est aussi mis en détention pour soutien à une association de malfaiteurs. La pauvre dame tente de ventre des pâtes salées aux épiciers de son quartier. Immédiatement, les nervis du régime font le tour des magasins pour les menacer s'ils acceptent de travailler avec cette femme. L'épouse de l'islamiste tente alors de vendre sur le marché des petites chaises fabriquées par un menuisier. Ce dernier est convoqué au poste et tabassé. Le régime de Ben Ali persécutait non seulement les militants islamistes, violents ou non, mais aussi leurs familles, leurs proches.

Pour avoir participé au mouvement socialiste progressiste de Chebbi jusqu'en 1994, cette avocate sera constamment surveillée, ses enfants privés de passeport pendant des mois et ses projets immobiliers bloqués par des ouzases des maires RCD. Jusqu'au jour où le gouverneur l'appelle au téléphone pour lui proposer un poste de député, afin d'acheter son ralliemetn. Ce qu'elle refusa évidemment. "Delanoé connait tout le monde ici, son frère habite dans notre ville. Pourqoui n'a-t-il rien dit avant le vendredi où Ben Ali a fui la Tunisie?".

Le restaurant de poisson où nous déjeunons avec Maitre Dali, face à la rade de Byzerte, "l'Alizé", est tenu par une merveilleuse tunisienne, qui, elle aussi a subi l'arbitraire de la famille règnante. Il y a un peu plus d'un an, lorsqu'elle veut ouvrir son restaurant, la Préfecture lui fait savoir qu'elle n'aura pas sa licence pour vendre de l'alcool. A moins, lui font savoir des émissaires de la famille Trabelsi, qu'elle accepte qu'un rejeton du clan ne prenne 40 pour cent  dans son capital. Ce qu'elle refusa... Et heuresement, les événements de janvier lui ont permis d'ouvrir enfin son superbe établissement.
Un jour, il faudra analyser le clan Trabelsi sur un plan psychanalitique. Ces gens là avaient tout, mais étaient possédés par l'irrésistible envie de mettre la main sur le  jouet de leurs voisins. Des rapaces, des kleptomanes.

 Une des soeurs de Leila vait résumé la philosophie du clan: "Mais de quel droit ils critiquent Leila et Zine puisque le pays leur appartient".

A Casablanca, "Makhzen dégage"

J'ai reçu quelques nouvelles signées Akmed Benseddik, de Casablanca, où une nouvelle manifestation pacifique appelait le Royaume à se réformer
Bonjour
Il est 14h à Casablanca, je viens de renter de la manifestation pacifique qui a été une grande réussite.
Environ 50.000 personnes, hommes femmes, enfants ont marché dans le calme avec un encadrement parfait, une quasi absence de la police.  La manifestation est mieux structurée que le 20 février et les slogans ont connu une évolution notable. En plus des appels à dissoudre le parlement,  virer le gouvernement actuel ( Abbés Fassi  DEGAGE ) ainsi que les proches du roi qui symbolisent l’abus de pouvoir et la corruption généralisé ( Majidi DEGAGE et Himma DEGAGE et aussi Makhzen DEGAGE ), la séparation entre pouvoir et argent, la réaction au discours royal du 09 mars est très claire :
-          refus de la sacralité royale et le concept de sujets du Roi incompatible avec la notion de citoyens
-          refus de l’article 19 de la constitution qui donne au roi des pouvoirs immenses
-          refus d’une nouvelle constitution octroyée et la revendication d’une assemblée constituante
-          appel explicite à une monarchie parlementaire où le roi règne et ne gouverne pas
La manif n’a pas de couleur politique partisane et reflète la pluralité. Tant mieux.
Encore une fois le peuple a une longueur d’avance sur le gouvernement et les organes sécuritaires qui ont le vrai pouvoir.
Cette manifestation montre encore une fois qu’il est dans l’intérêt du Roi à écouter le peuple au lieu d’écouter ceux qui lui rédigent les discours.  En d’autres termes, le peuple exprime de manière civilisée qu’il est prêt au sauver le roi de l’emprise de la machine du Makhzen ( pouvoir traditionnel et organes sécuritaires ). 
Encore faut-t-il que le roi ouvre bien les yeux et les oreilles pour s’apercevoir que c’est dans son intérêt à choisir vite et une bonne fois pour toutes son camp : ou le peuple ou le makhzen.

J'ai reçu aussi ce texte amusant d'un correspondant, Moussa Oudawed,  qui s'adresse au Roi avec beaucoup de verve et de méchanceté, une mise en cause nouvelle au Royaume enchanté
N Beau

                                      Comédie royale : pourquoi j’adore mon Roi
> >>>
> >>>
> >>>
> >>> Maudis soient ces égyptiens et tunisiens, à cause d’eux, plusieurs
> >>> langues se délient au merveilleux royaume du Maroc. Depuis la
> >>> révolte de ces voisins, certains au pays osent critiquer notre roi
> >>> bien aimé. Ces critiqueux ne comprennent pas que pour nous, notre
> >>> roi est notre unique source de fierté : les Égyptiens ont les
> >>> pyramides, les Tunisiens ont l’hrissa et nous avons sa majesté.
> >>>
> >>> N’allez pas croire que je ne sais pas ce qui se passe autour de
> >>> moi. Je suis au courant que les Anglais , les Espagnoles et autres
> >>> Belges et Hollandais de ce monde, ont une meilleure qualité de
> >>> vie, ils vivent en démocratie et ils ne sont pas aussi
> >>> analphabètes que nous, mais grâce à notre roi des pauvres, nous
> >>> les dépassons au moins par un critère de prospérité: notre roi et
> >>> plus riche que tous leurs souverains mis ensemble.
> >>>
> >>> Les Marocains ont 1000 et une raisons d’aimer leur monarque. Moi,
> >>> par contre, je l’adule pour une raison et une seule. Mon adoration
> >>> est purement économique et pécuniaire.
> >>>
> >>> Je suis un petit fonctionnaire, avec mon salaire de 3200 DH je
> >>> peine à arrondir mes fins de mois. Mais, je t’aime majesté parce
> >>> que tu partage mon quotidien. Je sens ta proximité plus que je
> >>> sens l’haleine de ma conjointe au lit.
> >>>
> >>> Vous les intellectuels chialeux, devez savoir qu’avec mon salaire,
> >>> je dois m’estimer heureux de m’acheter un logement social de 2
> >>> pièces grâce au soutien de sa majesté. C’est lui qui a mis à ma
> >>> disposition sa Sonasid et sa Lafarge pour me fournir le matériel
> >>> de construction. Mon roi est ma droguerie.
> >>>
> >>> Vous devez savoir aussi que je ne peux pas me payer ce logement
> >>> sans aide financière, et heureusement que j’ai mon roi, c’est lui
> >>> qui a misl’argent à ma disposition à travers sa Wafa banque. Mon
> >>> roi est si gentil qu’il m’a offert l’argent sans aucune condition
> >>> à l’exception d’une petite; il reste le propriétaire de mon
> >>> logement jusqu’au remboursement intégral du prêt et des intérêts.
> >>> Mon roi est mon prêteur sur gage.
> >>>
> >>> Tout ce que je mange c’est mon roi qui me le fourni, il a mis à ma
> >>> disposition tout son réseau de distribution de Marjane et Asima.
> >>> Il m’a même dit : ‘’ si tu ne peux pas faire le déplacement
> >>> jusqu’au supermarché, tu peux faire tes courses dans l’hanoute du
> >>> garbouz du quartier; de toute façon c’est moi qui l’approvisionne’’.
> >>>
> >>> Je ne sais pas comment certains marocains, peuvent ne pas aimer
> >>> notre roi, alors que nous avons tous reçu son amour dans le
> >>> biberon, c’est son lait que nous buvons toute notre vie, merci à
> >>> sa Central laitière.
> >>>
> >>> Cet amour, je l’ai transmis à mon enfant en le gavant du Danoun et
> >>> du Bimo de sa majesté.
> >>>
> >>> Comme j’en ai ma claque du débat avec ces critiqueux du roi,
> >>> j’arrête là et je vous transmets ce message via le réseau Wana de
> >>> sa majesté. De ce pas, je sors au café siroter une tasse de thé au
> >>> sucre royal, pendant que mon épouse prépare un tajine à l’huile de
> >>> sa majesté.
> >>>
> >>> Majesté nous t’avons dans le sang, seulement arrête STP de nous
> >>> sucer jusqu’à la moelle, parce que j’ai peur que tu ne puisses
> >>> acquérir un autre peuple aussi docile, même si je sais que tu es
> >>> fort en commerce.
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