samedi 12 mars 2011

M6? Il peut mieux faire

Le journaliste marocain Ahmed Benseddik juge le discours royal, salué par Nicolas Srkozy, comme très insuffisant. Le Makhzen donne juste l'illusion de se réformer. Et pourtant il y a urgence. SA Marrakech, des graffitis sont apparus sur les murs mettant en cause la personne du Roi. "M6, dégage", "M6, rends l'argent". 
Dans la blogosphère, de jeunes marocains s'adressent directement au Roi. La misère d'un très grand nombre de marocains devient insupportable face à l'étalage de richesses du Palais ou des élites économiques marocaines. Le Royaume enchanté est en proie à un immense désenchantement et la personne du Roi est directement mise en cause, y compris sa vie privée, ce qui est tout à fait nouveau.
Dans l'armée aussi, où le pouvoir appartient à quelques généraux finissants et corrompus comme Benslimane, l'mpatience gagne. Des colonels et autres cadres intermédiaires commencent à s'impatienter.
Alors que la crise s'aggrage et que le tourisme au Maroc comme en Tunisie est en chute libre, la financiarisation mafieuse qui touche l'ensemble du bassin méditerranéen devient insupportable. L'entourage royal au Maroc a adopté, ces dernières années, largemetn les mêmes méthodes iniques que  feu le clan Trabelsi en Tunisie. 
Les mêmes causes provoquant les mêmes effets, le Palais marocain devrait réagir vite et fort. Et la France, soutien constant du pouvoir marocain, devrait sans doute recadrer sa politique vis à vis du Royaume.  
Faut-il envisager des frappes ciblées sur les luxueux Ryals de DSK et de BHL à Marrakech? Il est temps en tout cas  pour nos élites politiques et intellectuelles de réfléchir à un style de vie moins indécent dans un pays frappé par l'extrême pauvreté et un rétrécissement des libertés publiques? Voici des propositions et des réflexions auxquelles la diplomatie de Nicolas Sarkozy devrait réfléchir. 
                                                                                                                  Nicolas Beau 

L'excellent confrère et  journaliste marocain Ahmed Benseddik, qui collabore à ce blog, juge le discours royal très insuffisant. Voici sa contribution.

Beaucoup de points, dans le discours royal, restent dan le plus grand flou. 
- monarchie parlementaire non déclarée, or tant que le roi ne dit pas explicitement qu'il ne gouvernera pas, ce n'est pas convaincant
- le roi a limité déjà lui-même les points à réviser, pourquoi pas toute la constitution ?
- pourquoi parler encore de première et deuxième chambre ? ourquoi anticiper ?
- pourquoi il cite Imarat Al mouminine comme un dogme sacré non touchable ? Or cette affaire permet au Roi d'agir par-dessus la constitution, c'est un joker très dangereux car il n'est soumis à aucun contrôle
- l'article 23 sacralité du Roi passé sous silence ? Pourquoi ?
- la séparation entre pouvoir et argent n'est  pas évoquée
- les symboles de la corruption politique et économique et de l'abus de pouvoir Majidi et Himma et les autres sont bien sains et saufs, pourquoi ?
- pourquoi maintenir le gouvernement actuel ?
- la question des ministères de souveraineté n'est pas évoquée non plus
- la libération vraie de l'audio-visuel est passée sous silence alors qu’il est sous emprise sécuritaire
- le roi ne s’engage pas à déconstruire et éliminer les mécanismes du Makhzen qui agit en parallèle à l’état visible et officiel et qui a le vrai pouvoir
Nous avons besoin d’une vraie rupture et d’une nouvelle constitution et non pas d’une réforme de la constitution dans le cadre de la continuité. Nous avons peut être besoin de constitutionnaliser le respect de la constitution !
Combien de fois le roi a parlé de la réforme de la justice dans ses discours.
Déjà la nomination par le roi lui-même du président et des membres de la commission qui va rédiger les modif montre qu’il trace le périmètre du jeu. Le roi n’a pas ouvert un débat, il l’a fermé.
Le makhzen se régénère et donne l’illusion de se réformer.
Ne pas virer le gouvernement actuel et dissoudre le parlement est un mépris pour les gens qui sont descendus dans la rue. Ne pas reconnaitre les erreurs et errements et ne pas nettoyer  à l’eau de javel le palais et les sous palais des multiples tyrans est un autre mépris. On veut faire du neuf avec du vieux recyclé.
La vraie bataille ne fait que commencer pour que les gens ne tombent pas dans le piège.
Est-ce que les médias publics vont inviter aux plateaux de TV les gens de ANNAHJ DIMOCRATI  et de ADL WA IHSSSANE pour dire leur opinion ? La démocratie est la pluralité n’est-ce pas ?

Ce discours a pour objectif d'avorter le 20 mars et peut ouvrir un boulevard à EL HIMMA premier ministre demain avec des élections truquées...
Si le mouvement a pu arracher ces décisions avec une première mobilisation, cela prouve qu’il peut obtenir plus avec plus de mobilisation. 



J’ai été interrogé par FINANCIAL TIMES…voici


Description : Description : Financial TimesMoroccan king announces referendum on reform
By Eileen Byrne in London
Published: March 11 2011 00:08 | Last updated: March 11 2011 00:08
Extrait de l’Article : The reaction of Ahmed Benseddik, a Casablanca-based engineer, was typical of that of middle-class Moroccans who are increasingly prepared to voice their reservations about the country’s political system: “The king has already himself laid down the limits of what parts of the constitution are to be reviewed. Why not the whole constitution?” he said.The king also said in his speech that the planned reforms would “elevate the judiciary to the status of an independent power”. Said Mr Benseddik: “How many times has the king spoken of reforming the judicial system in his speeches?” while achieving little real improvement.
Traduction approximative : La réaction de Ahmed Benseddik, un ingénieur basée à Casablanca, a été typique de celle des Marocains de la classe moyenne qui sont de plus en plus disposés à exprimer leurs réserves sur le système politique du pays: «Le roi a déjà lui-même fixé les limites de la révision de la constitution. Pourquoi ne pas toute la constitution ?, dit-il.
Le roi a également déclaré dans son discours que dans la réforme il est prévu  «d'ériger la justice en  pouvoir indépendant». A déclaré M. Benseddik: "Plusieurs fois le roi a parlé de la réforme du système judiciaire dans ses discours", alors qu’en réalité les améliorations sont modestes.
 By Eileen Byrne in London
Published: March 11 2011 00:08 | Last updated: March 11 2011 00:08
In a surprise announcement of a referendum on political reform, Morocco’s King Mohamed VI has attempted to head off a protest movement that is increasingly impatient with a tradition of monarchical rule that dates back centuries.
In a speech late on Wednesday, the king said he had “decided to introduce a comprehensive package of constitutional amendments”, which would be drawn up by a committee headed by a constitutional expert.
The committee is to consult widely with political parties, youth organisations, intellectuals and others before reporting back in June. A new draft constitution will then be submitted to a nationwide referendum, the king said.
But the vocabulary used and the style of the televised speech – the king stood solemnly flanked by his son, the seven-year old Crown Prince Hassan, and his brother, Prince Moulay Rachid – indicate that any reforms will be directed from the top with a firm hand.
The reaction of Ahmed Benseddik, a Casablanca-based engineer, was typical of that of middle-class Moroccans who are increasingly prepared to voice their reservations about the country’s political system: “The king has already himself laid down the limits of what parts of the constitution are to be reviewed. Why not the whole constitution?” he said.
The king also said in his speech that the planned reforms would “elevate the judiciary to the status of an independent power”. Said Mr Benseddik: “How many times has the king spoken of reforming the judicial system in his speeches?” while achieving little real improvement.
The youth-driven uprisings in Tunisia and Egypt have enthused new life into such discussion of political reform in Morocco, allowing greater boldness in a country where outright criticism of the monarchy can still attract a prison sentence.
Long-time Moroccan royal adviser André Azoulay said in London Wednesday that he had been “surprised” by the “maturity” of young people who took to the streets in Tunisia and Egypt.
“When I saw what they said about the reasons for their demonstrations, I was surprised by the maturity they showed” and their commitment to peaceful protest, he said in a presentation at the British Council headquarters. “I felt proud.”
On Sunday February 20 there were demonstrations calling for political change in a number of Moroccan cities, with incidents of looting and destruction in the largely Tamazight (Berber)-speaking town of El Hoceima, in the Rif region on Morocco’s Mediterranean coast.
In a move likely to appease demands for more autonomy in the Rif, the king also announced on Wednesday that regional councils, elected by direct vote, would mean that “regional affairs shall be run in accordance with democratic principles”. The new constitution would include “the [Berber] component as a core element”, he said.
The Moroccan youth-led movement, which now calls itself the February 20 Movement, plans further demonstrations for March 20, while marches are also planned in Algeria and Tunisia.
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