Ce soir dimanche et alors que les heurts violents se poursuivent entre les manifestants qui demandent un vrai changement et les forces de l'ordre, formées à l'école benaliste, la premier ministre Ghannouchi a démissionné. Et pour le remplacer, le pouvoir tunisien- est ce l'armée? Ou le président intérimaire et fantomatique? - n'a rien trouvé de mieux que de nommer un vieux cheval de retour bourguibiaste, agé de 86 ou 87 ans, Beji Caied Essebssi.
L'homme qui a fait l'essentiels de sa carrière dans les années...1970 est bien sous tous rapports. Honnète, compétent, nationaliste tunisien, il a été tour à tour ministre de l'Intérieur, de la défense et des Affaires étrangères sous Bourguiba.
Au mieux avec la garde rapprochée de Ben Ali en début du rêgne, le Premier ministre tunisien est nommé en 1987 président de l'Assemblée Nationale, alors que tout le monde croit à Tunis à une Révolution du Jasmin , conduite par un Ben Ali qui se la joue libéral et démocrate.
Pas de chance, le régime dérape vers des excès sécuritaires, et notre enturbanné est de plus en plus mal avec le Palais de Carthage. On ne l'invite plus, et ses enfants qui possèdent une supérette font l'objet des tracassseries habituelles du régime pour tous ceux qui ne sont pas dans la ligne; Ils n'ont plus le droit de vendre de l'alcool.
Honnète, le nouveaau premeirministre l'est. Est ce suffisant? Ce soir dimanche, des manifestants pacifiques autour de la casbah ou plus remontés avenue Bourguiba appelaient à une rupture plus nette avec l'ancien régime:
Une certitude, avec le départ du premier ministre Ghannouuchi, c'est une fois de plus la France qui a perdu en misant sur le mauvais cheval . En effet, Ghannouchi était conseillé par Hakim El Karaoui, employé par la banque d'affaires Rothschild, et qu fut la plume de Raffarin, grand ami de la Tunisie de Ben Ali, avant de conseiller Ben Ali dans les dernières heures de son rêgne, comme Mediapart l'avait révélé.
Dans un premier temps, j'avais trouvé la charge de mes collègues de Mediapart un peu excessive et non justifiée. JE M'ETAIS TROMPE.
L'auteur de ce blog avait eu tendance, dans un des premiers écrits, à ne pas mettre en cause Hakim El Karoui, esprit brillant, et qui était effectivement à la manoeuvre dans un certain nombre de montages financiers avec les clans entourant la Présidence. Après tout, nos financiers, pouvait-on penser, doivent travailler avec tout le monde à travers la planète pour ramener des contrats et des emplois en France.
Mais j'avais sous estimé le role politique particulièrement pervers joué, après le départ de Ben Ali et le début de la révolution tunisienne, par cet homme de réseaux qu'est Hakim El Karoui. Ce dernier, qui a servi tout à tour Raffarin, Ségolène Royal et combien d'autres politiques, a cherché de la pire des façons à devenir l'homme de l'ombre de la transition démocratique, en conseillant le Premier ministre du moment, Mohamed Ghannouchi, alors qu'il aurait du passer son tour et se faire discret. Le banquier est devenu un chef de clan, cherchant non à servir la Tunisie mais préserver les intérêts de ses clients, notamment Marouan Mabrouk, un des gendres du Président et partenaire d'Orange en Tunisie..
Après avoir essayé de maintenir Ben Ali au pouvoir jusqu’au dernier jour en accusant le clan de Leila Trabelsi de tout les maux, ce clan dirigé par monsieur Marouan Mabrouk et son frère Ismael, a utilisé le lobby YML (Young Mediterranean Leaders)) crée par monsieur Hakim El Karoui et financé par le Groupe Mabrouk pour former le gouvernement de transition.
N’ayant pas réussi à maintenir le noyau dure des anciens ministres RCD dans la première version du gouvernement, ils y ont introduit leurs hommes présentés comme des personnes issus de la société civile mais qui sont tous à leur service : Monsieur Mehdi HOUAS ministre du commerce et du Tourisme, patron de TALAN fournisseur de ORANGE et de la GAT, monsieur Yassine Brahim ministre de l’équipement, président de SUNGARD fournisseur de la BIAT, monsieur ministre Said AIDI de l’emploi président de HR fournisseur de la BIAT, de la GAT , de Géant et d’ORANGE pour le recrutement et monsieuir Jalloul AYED, ministre des Finance, viré du groupe BMCE et devant rejoindre le groupe Mabrouk pour la partie finance.
La fin du premier ministre Ghannouchi, dimanche soir, sonne l'hallali d'El Karoui. Et tant mieux, pour l'image de la France, flétrie par ce Rastignac franco tunisien saisi par l'ambition du pouvoir!!!!