Mam et ses turpitudes tunisiennes explique à merveille les complaisances françaises envers la Tunisie.
Les nouvelles révélations du Canard sur les placements financiers de Papa MAM dans la
société d'Aziz Miled, l'homme d'affaires qui avait convoyé MAM entre Tunis
et Tabarka vont sans doute pousser notre ministre des Affaires Etrangères
vers la porte. Tant mieux, on ne regrettera pas celle qui fut l'héritière des réseaux les plus gangrenés
de la chiraquie, en Tunisie et ailleurs.
Il faudra revenir, un jour, sur le rôle de MAM dans la fameuse affaire
Clearstream. La machine de guerre des faux comptes luxembourgeois lancée contre Nicolas Sarkozy
avait pour ambition en 2004 d'amener MAM, et non Sarkozy, à prendre en 2005 la tète de l'UMP.
Ministre de la Défense de Chirac à l'époque, MAM est parfaitement au courant de la machination
et n'en dira rien, un peu comme Villepin, à Nicolas Sarkozy.
Revenons à la Tunisie. Dans les jours qui viennent, il faudra élucider, de plus près, "le gourbi" que le père de Mam possède à Hammamet. Le Canard, la semaine dernière traitait l'information avec un peu avec mépris en écrivant qu'il s'agissait d'un modeste appartement. A vérifier....
Mais il y a plus grave. Le conseiller diplomatique de Sarko, Jean David Levitte,
un diplomate connu pour ses sympathies pro Bush, a joué un role néfaste dans toute ce dossier tunisien.
Ne parlons même pas des escapades de son épouse, en compagnie du ministre Novelli et de quelques
gloires de la presse française, dans les luxueux établissements hôteliers tunisiens de monsieur
Hosni Djemmali, un homme d'affaires grand ami du régime à la façon d'Aziz Miled.
Notre chère ministre des finances, Christine Lagarde, a eu la riche idée de venir à Tunis
mardi prochain. Un comité interministériel à Matignon avait préparé un plan de soutien à nos amis tunisiens. Lagence française pour le développement, animée par un natif de Tunisie, avait contribué à la préparation du voyage.
Heureuse initiative puisque la Révolution tunisienne a besoin de sous pour
faire les paies des fonctionnaires, fin février. Vu de Tunis, le problème du nouveau régime est d'abord financier. Des grèves éclatent un peu partout, Tunis était encombré, ces derniers
jours de détritus en raison d'un arrêt de travail des éboueurs. Et le gouvernement tunisien
n'a pas les moyens financiers de répondre aux revendications.
Et bien, Levitte (jouant la politique du pire?) s'est prononcé contre le voyage de Christine Lagarde. Finalement, la ministre fera tout de même le déplacement. On se réjouit de voir qu'il reste au sein de ce gouvernement un peu de solidarité avec la Tunisie nouvelle et un sens minimum des réalités géo politiques. A Tunis, se joue un peu l'avenir de la France.
Autre illustration du soutien de Levitte à Ben Ali, l'expulsion de la journaliste du Monde, Florence Baugé, l'automne dernier. Cette décision de l'ancien régime avait provoqué, une fois n'est pas coutume, une réaction digne de Bernard Kouchner, qui conseillait à l'ambassadeur de France de l'époque, Pierre Menat, de protester auprès des Tunisiens. A l'Elysée, Claude Gueant soutenait l'initiative. Mais Levitte y était hostile et le sherpa de Sarko eut gain de cause. Aucune protestation ne fut émise. L'expulsion scandaleuse de la journaliste a vu la France se coucher.
Les relations entre Levitte et le patron d'hôtels, Hosni Djemmali, qui recevait l'épouse du conseiller, étaient telles que le conseiller élyséen avait donné récemment à l'ambassadeur de France, toujours Pierre Menat, un conseil ferme: surtout, prenez langue avec Djemalli. Ce que le diplomate a fait. On a vu qu'avec de tels relais, le diplomate s'est montré particulièrement perspicace le matin du départ précipité de ben Ali, lorsqu'il faisait parvenir ce message rassurant au Quai d'Orsay: "Ben Ali a parfaitement la situation en main".
C'était trop dire. Evidemment, les événements de Tunisie ont pris tout le monde de court. Mais le 14 janvier, l'embrasement était évident et la fin de rêgne probable, sinon certaine.La suite, comme on le sait, ne donnera pas franchement raison au diplomate, qui sera remplacé en janvier par Boris Boillon.
Levitte n'était pas le seul conseiller élyséen à avoir son rond de serviette au Palais de Carthage. Henri Gaino, lui aussi, était un fervent défenseur de la Tunisie où il passait toutes ses vacances. "Les chefs d'Etat maghrébins sont un peu chez eux à l'Elysée, ils appellent souvent, c'est la famille", nous avait il confié.
Lorsque "la régente de Carthage" est parue voici dix huit mois, Ben Ali avait décroché son téléphone pour demander à Sarko d'empêcher la diffusion du livre. Ce qui montre à quel point le chef d'Etat tunisien était devenu autiste par rapport au monde extérieur, en pensant qu'il était possible que le Président français empêche la publication d'un ouvrage?