Les Tunisiens sont de plus en plus désemparés par l'incapacité totale du Président intérimaire, Fouad M'Bazza, à communiquer avec l'opinion publique. Pas une déclaration du gouvernement tunisien sur les événements sanglants tout proches en Libye.
De même, le gouvernement tunisien demeure toujours aussi silencieux l'hospitalisation de Ben Ali à Djedda. De bonne source pourtant, on sait que Fouad M'Bazza est tenu au courant depuis huit jours du bulletin de santé de l'ex président. Or dimanche dernier, un étrange communiqué demandait à la fois aux séoudiens l'état de santé de Ben Ali (qu'il connaissait) et son extradition, particulièrement difficile dans l'état où il se trouve. Personne à Tunis ne comprend très bien les ressorts de cette démarche. La veille de ce communiqué, la télévision tunisienne montrait les images du fabuleux trésor de guerre amassé par Ben Ali, une info connue là encore depuis plusieurs semaines. Pourquoi cette offensive?
Alors que les grèves se multiplient et que la situation économique est de plus en plus tendue, laa Présidence actuelle, fantomatique, parait de plus en plus surréaliste."M'Bazza le Maurice Faure local", commente un diplomate français qui connait bien la Tunisie. "C'est un bon vivant, normalement lache, qui a travaillé un moment au barreau", explique un avocat. Bourguibiste sous Bourguiba, benaliste sous Ben Ali, sans étiquette dans la phase actuelle, M'Bazza à 78 ans est connu pour avoir survécu, comme le grand radical que fut le français Maurice Faure, à tous les changements de régime ou de majorité.
Sous le premier gouvernement après le 7 novembre 1987, dirigé par Hedi Baccouche (très présent ces derniers jours dans les coulisses du pouvoir), M'Bazza était ministre de la jeunesse et des sports. Mais l'actuel président intérimaire dut une légère disgrace à une gaffe de sa propre épouse, Lili, nouvelle "régente" intérimaire du Palais de Carthage. Durant une réception donnée par Ben Ali au début de son rêgne, les services de la Présidence avaient mal calculé le nombre d'invités. les derniers servis le furent dans des gobelets en plastique. ce qui valut cette réflexion de Lili: " Du temps de Nana (surnom affecteus donné à Wassila Bourguiba), cela ne se passait pas ainsi". Cette comparaison était insupportable pour Ben Ali qui eut vent de ctte réflexion. Exit M'Bazza du gouvernement.
Un président intérimaire qui ne parle pas assez, une épouse qui parle trop?